Syndrome de l'imposteur : c'est quoi et comment le dompter ?

10/22/20257 min read

man in blue and white crew neck t-shirt holding brown wooden signage
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Si quasi à chaque fois que tu gagnes un contrat, c'est grâce à la chance. Si les opportunités sont majoritairement provoquées par ton super entourage et non par la qualité de ton travail. Et si les compliments qu'on te fait sont souvent exagérés et non mérités, j'ai un diagnostic pour toi. Syndrome de l'imposteur.

Oui ça fait mal docteur. Je ne sais pas si ça se soigne totalement, mais en tout cas, c'est très répandu, surtout chez les indépendants, et ça s'apprivoise.

Ici, on va décrypter ce fameux syndrome qui fait trembler les genoux des freelances et qui fait des nœuds au cerveau sur la base de rien. On va aussi se déculpabiliser et trouver des astuces pour faire taire cette petite voix intérieure qui nous tracasse.

Le syndrome de l'imposteur, c'est quoi en fait ?

Définition du syndrome de l'imposteur

Le syndrome de l’imposteur, c'est un mécanisme psychologique par lequel une personne doute de ses propres compétences, de ses réussites et de sa légitimité, malgré des preuves objectives de sa valeur.

Elle a la conviction qu’elle ne mérite pas sa place et qu’elle doit son succès à des facteurs externes, comme la chance, le hasard, le travail des autres, une erreur d’évaluation, plutôt qu’à son talent ou à ses efforts.

Ce sentiment s’accompagne souvent de peur d’être « démasqué », de perfectionnisme, et d’un besoin constant de sur-performance pour « prouver » sa valeur.

Autrement dit, si tu laisses ce syndrome prendre le dessus, tu vas tout droit vers un super burn-out, une potentielle dépression et la mort de ta boîte.

Origine et découverte

Le terme a vu le jour en 1978 où il s'est vu formulé par les psychologues Pauline Rose Clance et Suzanne Imes, dans un article fondateur publié dans la revue Psychotherapy: Theory, Research & Practice.

Leur étude portait à l’origine sur des femmes brillantes (des girl bosses) qui, malgré leurs succès académiques et professionnels, se percevaient comme des « fraudeuses ». Elles ont appelé cela Impostor Phenomenon (phénomène de l’imposteur) ou IP.

En gros, c’est ce décalage entre ce que tu réussis vraiment et ce que tu crois mériter. Tu as les faits de ton côté, mais ton cerveau reste persuadé que tu bluffes. Et ce qu'il y a de plus incroyable que le fait de se faire bluffer par son propre cerveau, c'est à quel point ce phénomène est répandu, partout, chez tout le monde.

Depuis les années 1970, de nombreuses recherches ont montré que le syndrome de l’imposteur n’est pas réservé à un genre, un âge ou un niveau hiérarchique : il peut toucher aussi bien des étudiants que des cadres dirigeants, des entrepreneurs ou des créatifs. Donc déjà, rassure-toi, tu es TRÈS LOIN d'être solo dans cette galère. Et rassure-toi encore, on va voir comment gérer tout ça. Mais avant, je te montre pourquoi et comment ça peut se manifester.

D'où vient cette petite voix d'imposteur ?

Voici les “pourquoi” qui expliquent souvent pourquoi cette voix sournoise s’invite. Connaître les mécanismes, c’est déjà commencer à reprendre un peu le pouvoir.

  • Les messages internes, les croyances limitantes et la blessure de rejet : “Je dois tout faire parfait pour mériter ma place.”ou “Si je montre une faille, on saura que je ne suis pas à la hauteur.” Ces types de pensées se construisent souvent très tôt et alimentent la sensation d’être “un imposteur” malgré les résultats.

  • La sortie de la zone de confort et la compétitivité : l’arrivée dans une nouvelle fonction, un nouvel environnement, une période de haute visibilité... Tout cela crée le décor parfait pour accueillir l’imposteur qui ta flagelle avec un manque de légitimité (alors que juste le fait d'être là te prouve ta légitimité).

  • La comparaison et les réseaux sociaux : quand on se compare beaucoup aux autres, on alimente ce sentiment “eux c’est mieux, moi je suis juste chanceux”. Malheureusement, quand on vit en collocation avec Instagram, Tik Tok ou LinkedIn, c'est un peu la comparaison ouverte à toutes les fenêtres.

  • L'idéalisation : l'herbe à toujours l'air bien plus verte ailleurs (et surtout sur Instagram). Il ne faut pas croire les représentations et remettre la réalité à sa place : on traverse vraiment tous des galères.

  • Le perfectionnisme et l’exigence élevée : les gens qui ont ce syndrome tendent à fixer des standards très hauts, et redoutent l’erreur et l’échec, qui sont synonymes de perte de valeur. Pourtant, c'est en échouant qu'on apprend et en tombant qu'on se relève.

Comment transformer l'imposteur en moteur ?

7 conseils pour dompter ton ennemi intérieur

Oui, on peut non seulement vivre avec, mais aussi faire du syndrome de l’imposteur un signal, pas un frein. Voici comment faire de cette petite voix dévalorisante un vrai moteur dans ton travail et dans ta vie.

  1. Donne un nom à ton imposteur intérieur : quand tu dis “tiens, j’ai encore cette voix qui me dit que je vais me faire démasquer”, tu prends de la hauteur. Nommer l’imposteur, ça l’amène moins dans l’ombre. Le mien s'appelle Croqui par exemple, car il croque mon cerveau.

  2. Fais un “carnet des preuves” : chaque semaine, note 2 ou 3 réussites (même minuscules) : “j’ai livré ce dossier”, “quelqu’un m’a dit merci”, “j’ai appris ça”. Quand la voix revient, ouvre ce carnet et dis “Mais je gère en fait !”.

  3. Partage avec tes pairs : tu verras souvent que tes confrères ont aussi expérimenté ce sentiment. Et ça soulage. Se sentir moins seul, c’est déjà un grand pas.

  4. Challenge la voix intérieure : quand tu entends “tu n’es pas à la hauteur”, arrête-toi et demande : “Quelles preuves ai-je que c’est faux ?”, “Est-ce que je dirais ça à une amie dans ma situation ?”. On rationalise.

  5. Découpe les gros défis en petits pas : un grand projet c'est plein de micro-actions. Chaque micro-action accomplie amène un peu plus de confiance et désamorce l’imposteur.

  6. Célèbre l’humain derrière l’expert : autorise-toi l’erreur, la courbe d’apprentissage. Être bon aujourd’hui ne veut pas dire parfait hier ou nul demain. Tu apprends, tu évolues, et c’est ça qui compte.

  7. Transforme les messages en signal d'alerte : essaie de repérer les situations dans lesquelles tu entends ta petite voix et repère les schémas pour comprendre ce que ton cerveau essaie de te dire, ce que ça vient questionner chez toi, et ainsi, tu sauras comment t'adapter un peu mieux à chaque fois.

Un exemple concret de phénomène de l'imposteur et de bataille pour le dompter

Pour illustrer tout ça, je vais te donner un exemple bel et pas très bien vécu qui date d'il y a quelques mois. J'ai contacté un organisme de formation pour donner des cours à des masters à la rentrée, dans le domaine du webmarketing. C'est mon domaine d'expertise, et en plus ça vient combler mon besoin de transmettre, le truc parfait.

Sauf que dès que mon planning de cours a été validé, je me suis mise à douter. Croqui a pris le dessus :

  • Qui suis-je pour donner des cours en webmarketing, moi qui n'utilise même pas Tik Tok ?

  • Des masters ?! Mais c'est sûr qu'ils ont un niveau de dingue en webmarketing, qu'est-ce que je vais bien pouvoir leur apprendre ?

  • Je vais être ridicule à côté des autres profs qui ont l'air ultra pertinents dans leurs domaines.

  • Tu vas y passer beaucoup trop de temps, c'est pas du tout rentable.

Après plusieurs nuits à me tourmenter, j'ai failli appeler pour tout annuler. Mais je ne l'ai pas fait, car j'ai réussi à rationaliser tout ça et à me booster :

  • Tu t'es engagée, alors maintenant, tu vas le faire, tu en es capable.

  • Tu as déjà donné des cours, tu adores ça, et tu as généralement des très bons retours sur tes sessions.

  • Tu vas faire les choses comme tu sais le faire, avec ta pâte ludique et accessible. Ne fais pas comme les autres, car tu n'es pas les autres.

  • Tu vas pouvoir jauger leur niveau dès le premier cours et ensuite, si besoin, tu adapteras le niveau. Tu as forcément des choses à leur apprendre puisque c'est ton métier.

  • Cette expérience de cours structurés, avec un programme bien défini, c'est une excellente opportunité de développer la formation dans ton activité.

  • Tu investis là. Si tu y retournes l'année prochaine, tu auras déjà quasiment tous tes supports.

  • Et si ça ne passe pas aussi bien que prévu, c'est pas grave, tu aurais essayé, tu auras appris des choses. Et tu as déjà démontré que tu sais te sortir de situations délicates.

Comme dans un conflit, il faut prendre du recul. Se placer en tierce personne qui observe la situation et la commente de manière objective. Et, pour en revenir à la situation, j'ai donné mon premier cours dans cet organisme il y a quelques semaines, c'était génial et j'ai hâte de poursuivre tout au long de l'année. Et le point bonus : je suis fière de ne pas avoir lâché.

Calme ton imposteur et dis bonjour à ton vrai toi

Si tu reprends une phrase qui me tient à cœur : « On n’éradique pas le syndrome de l’imposteur, on le conteste, on le recadre, on lui donne une place moins tyrannique ». L’idée n’est pas de faire taire à jamais cette petite voix (elle est humaine, elle veille). Mais de lui apprendre une règle : elle ne commande pas, elle suggère, et tu as le droit de la contester.

Quand tu te relis dans quelques mois et que tu notes que tu as osé faire un pas malgré la peur, tu peux te féliciter. Ce pas, c’est un signe que tu domptes ton imposteur intérieur.

Si cet article t’a parlé, partage-le. On est nombreux et nombreuses à naviguer dans ce sentiment, et ensemble, on peut s’encourager, avancer, partager nos expériences et s'envoyer du panache.

Cœur.