Assertivité en freelance : s'affirmer avec respect
Crocool
6/2/20256 min read
Tu l’as sûrement déjà vécu : un client te demande une révision “rapide” qui te prend 4h, un prospect te répond “tu es trop cher” alors que tu as l'impression de déjà brader ton travail. Là, tu as deux options. Tu ravales ta frustration et tu courbes l'échine, avec un niveau de fierté et d'enthousiasme proche de zéro, ou tu exposes clairement tes limites, ton point de vue et tu dis non avec fermeté et respect (pour l'autre et pour toi).
Bienvenue dans le monde merveilleux de l’assertivité. Ce n’est pas un mot de coach fumeux ou un concept réservé aux timides. C’est une vraie compétence, ultra-précieuse pour toute personne qui travaille à son compte, ou juste toute personne. Mais of course, ici, on va s'intéresser aux pouvoirs de l'assertivité quand on est freelance.
C’est quoi, l’assertivité exactement ?
Définition
L’assertivité, c’est l’art de s’affirmer sans écraser l’autre. Ni agressivité, ni soumission : un juste équilibre, sain, avec de l'aplomb. C’est la capacité à exprimer ses besoins, ses opinions, ses limites… en respectant les autres, tout en se respectant soi-même.
C’est dire non sans culpabiliser, négocier sans trembler, poser ses tarifs sans rougir, expliquer ses choix sans se justifier à tout bout de champ. C'est être soi-même et parvenir à s'exprimer vraiment.
En gros : l’assertivité, c’est cette voix intérieure qui dit “Je compte. Ma parole compte. Et je peux le dire calmement." que tu arrives à faire sortir pour qu'elle devienne ta vraie voix et que le monde sache que tu comptes et que ta parole compte.
Les 3 postures de communication, dont la queen Assertivity
Petit rappel utile : on peut classer nos attitudes en 3 grandes familles de communication :
Passive : tu ravales tes besoins, tu ne dis pas ce que tu penses, tu dis oui par peur du conflit.
Agressive : tu imposes ton point de vue, tu coupes la parole, tu minimises l’autre.
Assertive : tu affirmes ton point de vue, tu écoutes celui des autres, tu cherches une solution équilibrée.
On passe tous par ces 3 postures. Mais développer l’assertivité, c’est choisir en conscience la plus saine et la plus puissante à long terme.
Pourquoi c’est vital l'assertivité quand tu es freelance ?
Quand tu bosses en solo, tu es ton propre service commercial, RH, juridique, client et marketing. Tu n’as pas un manager pour aller défendre ta cause. Tu n’as pas de collègues pour te soutenir dans tes potentiels conflits intérieurs ou extérieurs. Tu es le seul ou la seule à poser les limites de ton cadre de travail. Et poser des limites, c'est vital.
Sans assertivité :
Tu acceptes des briefs flous qui t’épuisent, synonyme de nœuds au cerveau.
Tu dis oui à des délais impossibles, synonyme d'insomnies et de travail à la va-vite.
Tu baisses tes prix à chaque remarque, synonyme de privation de sorties.
Tu fais des concessions qui te rendent amer, synonyme de mauvaise estime de soi.
Avec assertivité :
Tu négocies au lieu de céder, synonyme d'assurance vécue et perçue.
Tu expliques ton fonctionnement avec clarté, synonyme de confiance pour tes interlocuteurs.
Tu prends ta place dans une relation d’égal à égal, synonyme d'équilibre.
Tu te fais respecter sans crier ni t’écraser, synonyme de calme et de sérénité.
L’assertivité, c’est un véritable bouclier émotionnel et professionnel. Elle t’évite de finir en boule sous ta couette après chaque appel client et de te refaire le film de comment tu aurais dû répondre à ce client qui t'annonce qu'il ne pourra pas te payer, une fois que tu as tout livré, parce qu'il dépose le bilan et que toi tu es trop gentille (expérience pourrie 100 % vécue).
Être assertif quand on est freelance, c'est un vrai travail qui demande de se faire un peu violence au début, mais qui est là pour préserver ta santé mentale. Et, dis-moi si je me trompe, mais je ne pense pas qu'il y ait quelque chose de plus important.
Comment développer ton assertivité (sans devenir un vilain freelance pas sympa)
Eh oui, l'assertivité, ça se développe. Ce n'est pas inné. Voici quelques conseils pour devenir plus assertif et t'affirmer dans ton quotidien d'indépendant.
1. Écoute ton radar intérieur
La première étape, c’est de repérer les situations dans lesquelles tu t’écrases un peu trop ou au contraire, lorsque tu exploses sans mesure. Pose-toi ces questions :
À quels moments je n’arrive pas à dire non et je m'oublie ?
Dans quelles situations je m’énerve au lieu d’expliquer ?
Je te conseille la technique de papier-crayon : tu notes à chaque fois que tu rencontres ces situations. Petit à petit, tu vas certainement voir apparaître des schémas et identifier ce qui te rend soit passif, soit agressif. Généralement, lorsque nos comportements sont excessifs, c'est qu'il y a une peur sous-jacente. Quelque chose qui vient chatouiller notre égo, nos valeurs ou nos croyances.
Essaie d'identifier ces peurs et leur origine. En faisant ce travail, tu vas pouvoir prendre du recul sur tes actes. C'est la clé pour pouvoir faire des ajustements par la suite.
2. Teste la phrase magique : “Je comprends, voilà les faits et voilà ma position”
Quand tu rencontres une situation de désaccord avec un client ou partenaire, n'essaie pas de te justifier ou de donner des arguments pour aller à l'encontre de son opinion. Essaie plutôt d'être un mood "compréhension + rappel objectif + explication"
Exemples :
Je comprends que vous ayez un petit budget, et si ces travaux sont importants pour vous, je vous propose de les étaler dans le temps.
Je comprends que vous souhaitiez plus de fonctionnalités sur votre site Internet. Pour respecter les délais et le budget initial, nous étudierons cette demande dans un second temps.
Je comprends que vous vouliez un rendez-vous rapidement, et c’est pourquoi je vous propose une plage horaire disponible dès la semaine prochaine, en prenant en compte nos plannings respectifs.
Tu montres que tu entends l’autre, sans renier ta position. Cette formule simple évite bien des tensions.
3. Pose tes limites à l’avance
Être assertif, c’est aussi prévenir les malentendus. Mets en place des documents clairs, qui évitent les situations gênantes, chronophages et sources de nervosité.
Que ce soit dans tes devis ou tes conditions générales de vente, pense à indiquer :
Tes délais de réponse
Tes plages horaires disponibles
Les conditions nécessaires au lancement du projet
Le nombre de retours inclus
Pour les projets en plusieurs phases, tu peux aussi prévoir des sortes de BAT à chaque fin de phase. Cela sécurise ton travail et évite les retours en arrière. Par exemple, si tu bosses sur la création d'un site, tu peux faire valider la charte graphique, puis les maquettes visuelles, puis les textes, puis les visuels, etc.
Peu importe les leviers que tu choisis, essaie d'être prévoyant. Tu évites les conflits en posant un cadre pro dès le départ. Et donc, tu limites les moments où tu vas devoir faire sortir le héros Super Assertif.
4. Pratique le “non + mais + proposition”
Dire non ne veut pas dire claquer la porte, couper les ponts ou générer un conflit. C'est seulement répondre par la négative à une question ou une proposition. Rien de dramatique. C'est sain et normal. Par contre, évite de rester juste sur un "Non". Complète avec une proposition qui te convient, un plan B (B comme BINGO).
Exemple : “Non, je ne peux pas effectuer cette tâche gratuitement car elle fait appel à mon expertise et me prend du temps, mais je peux vous proposer un forfait complémentaire.” ou "Non, je ne peux pas effectuer la mission pour la fin de semaine, mais je vous propose une livraison la fin de semaine suivante, afin d'avoir le temps de produire un travail de qualité".
Tu ne cèdes pas, tu restes dans une logique de solution, t'es génial.
5. Respire, articule, ralentis
L’assertivité, c’est aussi une question de ton, de rythme, de posture. Respirer profondément avant de répondre, poser ta voix, prendre ton temps, se tenir droit, tenir le regard : autant de micro-gestes qui renforcent ton impact et ta crédibilité.
3 mini-exercices à faire cette semaine pour devenir un freelance assertif
L’exercice du non
Choisis une situation dans la semaine où tu diras non calmement. Un petit non pour t’entraîner. Et note ce que tu ressens.La liste des limites
Note les 3 limites professionnelles que tu veux poser plus clairement (ex : pas de messages le soir, pas de révisions illimitées, délais minimums imposés).Le miroir assertif
Chaque soir repense à une situation du jour : as-tu été passif, agressif ou assertif ? Que pourrais-tu tester différemment demain ?
L'assertivité ça se travaille. Et chaque petit pas compte. Plus tu poses ton cadre, plus tu t’affirmes avec respect, plus tu inspires confiance… y compris à toi-même.
Parce que tu n’as pas besoin de t’écraser pour être sympa.
Parce que tu peux dire non avec le sourire.
Parce que tu mérites d’être écouté, même quand tu n’as pas 10 salariés derrière toi.
L’assertivité, c’est l’élégance tranquille de dire : “Je suis là. Je suis pro. Et je sais ce que je vaux.”
Cœur.