L'exercice du pire pour vaincre ses croyances limitantes

Crocool

5/19/20256 min read

You Can Do It text
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Tu veux te lancer à ton compte, changer de voie, prendre une décision qui chatouille ton courage ? Tu tournes autour du pot, le ventre noué, la tête pleine de “et si” ? Bienvenue dans le club très fourni des cerveaux qui aiment broder des drames façon scénaristes de thrillers. Et si on retournait ce scénario à notre avantage ?

Aujourd’hui, je te parle d’un outil puissant, à la fois simple et libérateur : l’exercice du pire. Une méthode un brin provocante, mais diablement efficace pour te délester de tes peurs. Spoiler : tu vas vite te rendre compte que le “pire” est souvent bien plus gérable qu’il n’en a l’air.

Le pire, cet épouvantail mental

Quand on envisage un changement de vie (devenir freelance, dire non à un client toxique, lancer une nouvelle offre, augmenter ses tarifs) notre cerveau entre en transe. Il active son mode “protection maximale” et balance tout un tas de scénarios catastrophes dignes d’un blockbuster.

“Et si je me plante ? Et si personne ne me fait confiance ? Et si je ne gagne pas un centime ? Et si je dois retourner vivre chez mes parents avec un cactus pour seule compagnie ?”

Vous avez déjà vu le personnage Anxiété dans Vice-Versa ? C'est exactement ça. Nos peurs prennent la forme de monstres mentaux, amplifiés par l’imagination, rarement confrontés au réel.

Premier problème : c’est que tant qu’on ne les regarde pas en face, ils nous freinent. Ils nous empêchent d’avancer, de tenter, de grandir.

Deuxième problème : avec de s(c)i(e) on coupe du bois, on ne fait pas avancer son projet.

Troisième problème : si rien ne change, rien ne change.

Solution : l'exercice du pire, qui va te faire te rendre compte que les montagnes que tu imagines sont plutôt des dos d'âne.

L'exercice du pire : kézako ?

L’idée, c’est de faire l’inverse de ce qu’on nous dit depuis toujours. Au lieu de penser positif à tout prix, on va plonger à fond dans le négatif. Oui, volontairement. On va imaginer le pire scénario possible. Sans filtre. Jusqu’au bout.

Mais attention, ce n’est pas pour se faire peur, c’est pour démonter la peur. Car une fois qu’on a mis les mots sur ce “pire”, qu’on l’a détaillé froidement, on peut commencer à construire des plans B, des solutions, des sorties de secours.

C’est là que la magie opère.

Étape 1 : Décris ton pire scénario

Tu veux te lancer en freelance ? Ok. Quel est le pire qui puisse arriver ?

Tu quittes ton job. Ok, peut-être que tu vas avoir droit au chômage pendant un temps (merci rupture conventionnelle).

Tu galères à trouver des clients, tu tapes dans tes économies, tu as du mal à pas à payer ton loyer. Ok, mais est-ce que tu as pensé à la colocation pour amortir ton loyer ? Ou à retourner chez tes parents ou à vivre chez des proches le temps de te retourner ?

Tu retournes chez tes parents. Ta fierté prend un coup. Tu pleures un bon coup sous la douche. Ok, mais tu n'es pas seul, tu es potentiellement entouré de personnes qui vont te soutenir, qui vont t'apporter des opportunités.

Et ensuite… tu repars. Tu t’adaptes. Tu retrouves un job alimentaire à temps partiel pendant un temps. Tu apprends de tes erreurs. Tu retentes. Tu ajustes. Bref, tu survis.

Là, tu viens de mettre noir sur blanc ton film d’horreur mental. Et tu viens surtout de constater que, même dans le scénario “apocalypse freelance”, tu es toujours en vie, digne, debout.

Étape 2 : Liste les solutions à chaque étape du scénario

Maintenant, prends ton scénario catastrophe et éclaire-le. Pour chaque “drame”, cherche une solution, même temporaire.

  • Plus d’argent ? → Je réduis mon train de vie. Je bosse quelques missions en intérim. Je demande le RSA, j’active mes droits France Travail.

  • Plus de clients ? → Je revois ma stratégie. Je me forme. Je contacte mon réseau. J’explore d’autres plateformes. J'en profite pour expérimenter et m'ouvrir à de nouveaux horizons qui m'ont toujours attirés puisque j'ai du temps libre.

  • Retour chez papa-maman ? → Humilité. Soutien. Un temps pour rebondir, pas une condamnation.

Tu te rends compte ? Chaque peur peut être contenue. Atténuée. Contournée. Rien n’est définitif, surtout pas l’échec.

Étape 3 : Réalise que ce “pire” n’est pas si terrible

C’est ça le nœud de l’exercice. Tu transformes l’indicible en concret. Tu ramènes la peur dans le domaine du gérable. Et souvent, tu réalises que le plus douloureux n’est pas la réalité, mais l’idée que tu t’en fais.

Franchement, entre rester paralysé à vie à cause d’une peur floue et risquer un plantage (temporaire, formateur, rattrapable), tu choisis quoi ? La question est vite répondue.

Étape 4 : Pose-toi la vraie question : ne serait-ce pas pire que pire de ne pas essayer ?

On ne le dit pas assez, mais il y a un autre scénario catastrophe qu’on oublie souvent de considérer : celui de ne rien tenter. De rester dans une situation qui nous ronge, juste par peur d’un échec hypothétique.

Et si tu passais les 5, 10, 20 prochaines années à étouffer tes idées ? À regretter de ne jamais avoir osé ? À voir d’autres vivre ce que tu rêves en silence ?

Ça aussi, c’est flippant. Et tellement plus insidieux.

Je ne te dis pas ici de foncer tête baissée et de tout quitter sur un coup de tête. Se lancer en tant que freelance ou commencer un nouveau projet professionnel demande beaucoup d'énergie, de courage et de force. Il faut bien peser le pour et le contre avant de prendre une décision. Je te partage cet exercice simplement pour te donner un outil supplémentaire d'aide à la décision.

Témoignage rapide : “J’ai fait l’exercice et…”

Quand j'étais salariée, j’ai entamé un bilan de compétences, après des semaines et des mois de doute quant à mon avenir professionnel, ma voie, mon métier, mes capacités et plus globalement ma vie. La coach qui m'accompagnait, après plusieurs séances qui m'ont fait comprendre que j'aimais mon métier, mais plus de la manière dont je le pratiquais, et donc que je voulais me lancer en tant qu'indépendant, m'a proposé cet exercice. Mon pire scénario ? Pas de salaire qui tombe tous les mois, du mal à payer mon prêt, retour chez les parents, honte intergalactique.

Mes solutions potentielles ? Demander une rupture conventionnelle et foncer chez Pôle Emploi (qui s'appelait encore ainsi à ce moment), retourner chez mes parents, mettre mon appartement en location, quelques missions alimentaires par-ci par-là, un coup de pouce de mes proches. Rien de glamour, mais rien de dramatique non plus.

Résultat ? Je me suis lancée. Et tu sais quoi ? Ce scénario du pire ne s’est jamais produit. J’ai eu des galères, oui. Des mois durs, oui. Des doutes, bien sûr. Mais jamais ce “pire” que j’avais imaginé.

L’angoisse du saut, c’est souvent juste ça : de la brume mentale. Une fois qu’on met le nez dedans, on voit clair.

Pourquoi ça marche si bien ?

Parce que l’exercice du pire fait descendre l’émotion du cerveau limbique (celui de la peur panique) vers le cortex préfrontal (celui de la logique). Tu passes du mode “je flippe” au mode “je gère”.

Tu redeviens acteur ou actrice. Tu reprends le pouvoir. Tu décides que tes peurs ne sont plus des murs, mais des marches, et que si tu lèves les genoux, tu peux atteindre des sommets.

À utiliser sans modération, mais avec bienveillance

Tu peux faire cet exercice pour tout : lancer une offre, te réorienter, annoncer une décision à un client, augmenter tes prix, dire non.

À chaque fois, même principe :

  1. Quel est le pire qui puisse arriver ?

  2. Et dans cette situation, que peut-il arriver de pire ?

  3. Et dans cette situation du pire du pire, que peut-il arriver de pire ? (et ainsi de suite)

  4. Quelles solutions puis-je mettre en place si ce pire se produit ?

  5. Et si je n’essayais pas, qu’est-ce que je perdrais ?

Et surtout : respire. Personne ne va te manger. Tu n’es pas seul. Tu es capable, tu es malin, tu es équipé d'un cerveau. Tu vas t'en sortir.

En fin de compte, l'exercice du pire t'aide à vaincre tes croyances limitantes

L’exercice du pire, c’est l’art de regarder la peur dans les yeux pour qu’elle arrête de te suivre dans ton ombre. C’est une manière très concrète, très saine et très puissante de court-circuiter ton saboteur intérieur.

Et si tu veux un mantra pour la route, prends celui-ci : “Le pire qui puisse arriver n’est rien à côté du vide que je ressens à ne pas essayer.”

Alors, à toi de jouer. Sors ton carnet, fais le film catastrophe… et reprends le script en main. Parce que le vrai drame, c’est de ne pas vivre ton aventure.

Cœur.